Le défi de l'influence – Les pays africains et les géants technologiques américains dans l'intégrité des élections

Le défi de l'influence – Les pays africains et les géants technologiques américains dans l'intégrité des élections
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4 minutes

À l'approche des élections de 2024, WhatsApp, propriété de Meta Platforms, Inc., a pris plusieurs mesures pour protéger l'intégrité des processus électoraux dans le monde entier. Ces actions comprenaient le renforcement des restrictions sur le transfert de messages et la collaboration avec des vérificateurs de faits pour freiner la propagation de la désinformation. En tant que l'une des plateformes de messagerie les plus populaires au monde, avec une présence particulièrement forte dans des pays comme l'Inde, le Brésil et le Nigéria, les mesures de WhatsApp étaient significatives pour façonner le discours en ligne pendant les élections.

Pendant ce temps, l'Afrique, un continent avec un paysage numérique en pleine expansion, s'est également retrouvée prise dans cette toile d'influence numérique mondiale. Les pays africains, comme beaucoup d'autres dans le monde, sont confrontés aux défis de la désinformation, du discours de haine et de la désinformation politique pendant les élections. Cependant, l'influence que les gouvernements et organisations africains exercent sur les géants technologiques basés aux États-Unis, comme WhatsApp, reste limitée, malgré l'impact profond de ces plateformes sur leurs environnements politiques.

Les dynamiques de pouvoir globales

L'histoire commence avec la pétition de Mozilla adressée à WhatsApp, signée par des dizaines de milliers de partisans, demandant à la plateforme de faire plus pour lutter contre la désinformation pendant les élections. L'appel à l'action de Mozilla a mis en lumière la nécessité de contrôles plus stricts sur la propagation des fausses informations, en particulier pendant les périodes électorales où de tels contenus peuvent avoir des conséquences désastreuses. WhatsApp a répondu en détaillant plusieurs mesures qu'il avait déjà prises, y compris la limitation du transfert de messages et le partenariat avec des vérificateurs de faits dans près de 50 pays.

Bien que les mesures de WhatsApp puissent sembler efficaces d'une perspective globale, l'histoire est différente pour de nombreux pays africains. WhatsApp est devenu une partie intégrante de la communication en Afrique, des millions de personnes l'utilisant pour leurs conversations quotidiennes, leurs actualités et leurs discussions politiques. L'utilisation généralisée de la plateforme en fait un outil puissant à la fois pour l'engagement positif et pour la désinformation nuisible.

Pourtant, malgré cette centralité, les pays africains peinent à exercer une influence significative sur les politiques des entreprises technologiques basées aux États-Unis comme WhatsApp. La réponse de WhatsApp aux questions de Mozilla souligne cette disparité. La stratégie de WhatsApp est conçue pour un public mondial, ce qui rend difficile l'adaptation des approches spécifiquement aux paysages sociopolitiques uniques des nations africaines.

La réponse globale de WhatsApp et les réalités locales

La réponse de WhatsApp aux questions de Mozilla met en évidence sa position de ne pas introduire de friction supplémentaire au transfert de messages pendant les élections, citant les défis techniques et politiques de l'application de ces limites pays par pays. Cet argument, bien que semblant pratique, ne prend pas en compte les besoins uniques et les vulnérabilités de différentes régions, en particulier en Afrique.

Par exemple, dans des pays comme le Nigéria et le Kenya, où la désinformation peut exacerber les tensions dans des climats politiques déjà fragiles, les parties prenantes locales ont appelé à des actions plus robustes de la part des plateformes comme WhatsApp. Ils soutiennent que des solutions sur mesure pourraient réduire de manière significative la propagation de contenus nuisibles pendant les périodes sensibles, telles que les élections. Cependant, l'approche globale de WhatsApp signifie que ces demandes localisées restent souvent inaudibles, ou au mieux, reçoivent une solution unique qui peut ne pas répondre adéquatement aux défis uniques auxquels ces pays sont confrontés.

La lutte pour l'influence

La capacité limitée des pays africains à influencer les politiques des entreprises technologiques basées aux États-Unis pendant les périodes électorales pointe vers un problème plus large de souveraineté numérique. Alors que les gouvernements et les organisations de la société civile africains peuvent faire pression pour des changements, leur influence est souvent éclipsée par les intérêts et les politiques définis par les géants technologiques de la Silicon Valley.

Les pays africains, individuellement ou collectivement, manquent de levier pour obliger des entreprises comme WhatsApp à adopter des mesures plus strictes qui pourraient aider à atténuer les risques spécifiques de désinformation politique et de manipulation électorale dans leurs régions. Bien que WhatsApp engage des entités politiques avant les élections, cet engagement est souvent façonné par les politiques globales de l'entreprise plutôt que par les besoins nuancés des pays individuels.

Aller de l'avant

À mesure que les plateformes numériques continuent de jouer un rôle crucial dans la formation du discours politique mondial, l'écart entre les politiques technologiques globales et les réalités locales demeure un défi. Les pays africains doivent naviguer dans ce paysage complexe où ils ont peu d'influence directe sur les plateformes qui affectent de manière significative leurs élections.

Une voie potentielle pourrait impliquer une collaboration régionale plus importante entre les nations africaines pour faire entendre une voix collective dans les négociations avec les géants technologiques. Une telle coalition pourrait plaider pour des politiques plus transparentes, des approches localisées pour contrer la désinformation, et une meilleure protection des processus démocratiques.

Dans un monde numérique où les règles sont souvent fixées loin des côtes africaines, le défi demeure : comment les pays africains peuvent-ils affirmer plus d'influence sur les plateformes mondiales qui jouent un rôle si crucial dans leurs processus démocratiques ? Tant qu'il n'y aura pas une distribution plus équilibrée du pouvoir et de l'influence, l'histoire des élections africaines et des géants technologiques américains continuera d'être celle du déséquilibre et des opportunités manquées pour un engagement significatif.

Écrit par
Simon Adjatan

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