Un Sommet Historique à Niamey
Les régimes militaires au pouvoir au Burkina Faso, au Mali et au Niger ont formalisé la création d'une confédération entre leurs trois États lors d'un sommet inédit à Niamey, le 6 juillet 2024. Cette nouvelle alliance, connue sous le nom d'Alliance des États du Sahel (AES), marque un pas décisif vers le divorce avec la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao). Confrontés à des violences jihadistes récurrentes et ayant subi des coups d'État entre 2020 et 2023, ces trois pays se sont retirés de la Cedeao, qu'ils jugent instrumentalisée par la France. La création de cette confédération vise à renforcer leur intégration et leur souveraineté tout en se détachant de l'influence des puissances étrangères.
Les Risques pour les Populations
Conséquences pour les Citoyens du Burkina Faso, du Mali et du Niger
La décision de quitter la Cedeao pourrait avoir des conséquences significatives pour les citoyens de ces trois pays vivant dans d'autres États membres de la Cedeao. Actuellement, grâce aux accords de libre circulation, les citoyens de la Cedeao peuvent vivre et travailler dans n'importe quel pays membre sans visa ni titre de séjour. Avec la sortie de la Cedeao, les Burkinabés, Maliens et Nigériens pourraient perdre ces privilèges, se retrouvant ainsi dans une situation précaire sans les protections légales nécessaires pour travailler et résider à l'étranger. Cela pourrait mener à des expulsions, des difficultés économiques et une perte d'accès aux services sociaux et aux soins de santé.
Impact sur les Citoyens des Autres Pays de la Cedeao
De même, les citoyens des autres pays de la Cedeao vivant et travaillant au Burkina Faso, au Mali et au Niger pourraient être affectés par cette décision. La fin de la libre circulation signifierait qu'ils pourraient avoir besoin de visas et de permis de séjour pour continuer à résider et à travailler dans ces pays. Ces changements pourraient entraîner des incertitudes, des expulsions potentielles et des perturbations dans leurs vies et leurs moyens de subsistance.
Une Comparaison avec le Brexit
Les Effets du Brexit sur la Mobilité des Citoyens
L'une des conséquences les plus significatives du Brexit a été la fin de la libre circulation des personnes entre le Royaume-Uni et l'Union Européenne. Avant le Brexit, les citoyens britanniques pouvaient vivre, travailler et étudier librement dans n'importe quel pays de l'UE, et vice versa. Après le Brexit, ces droits ont été restreints, entraînant des complications pour les citoyens des deux côtés. De nombreux Britanniques vivant en Europe ont dû faire face à des exigences de visas et de permis de séjour, et vice versa pour les citoyens de l'UE vivant au Royaume-Uni. Ces changements ont créé de l'incertitude et des difficultés pour ceux qui avaient construit leur vie de part et d'autre de la Manche.
Surprises et Défis Post-Brexit
Les surprises post-Brexit ont inclus des perturbations économiques, des délais dans les chaînes d'approvisionnement, et des changements dans les règles de voyage et de commerce. Les entreprises et les particuliers ont dû s'adapter rapidement à une nouvelle réalité juridique et réglementaire. Des problèmes similaires pourraient survenir pour le Burkina Faso, le Mali et le Niger, avec des implications pour les travailleurs transfrontaliers, les étudiants et les familles vivant entre les pays de la Cedeao et les États de l'AES.
Comparaisons Globales : Situations Similaires à Travers le Monde
Le Royaume-Uni et l'Union Européenne
En 2016, le Royaume-Uni a voté pour quitter l'Union Européenne (UE), marquant ainsi une rupture significative avec le bloc économique et politique qu'il avait rejoint en 1973. Le Brexit a été motivé par des préoccupations liées à la souveraineté nationale, à l'immigration, et à la réglementation de l'UE. Depuis lors, le Royaume-Uni a cherché à établir de nouveaux accords commerciaux bilatéraux et à redéfinir sa position sur la scène mondiale.
Pays Candidats pour Rejoindre l'Union Européenne
Aujourd’hui, neuf pays sont officiellement candidats pour intégrer l’UE. Pour sept d’entre eux, les négociations ont été ouvertes, y compris la Turquie, le Monténégro, la Serbie, la Macédoine du Nord, l'Albanie, l'Ukraine, et la Moldavie. D'autres, comme la Bosnie-Herzégovine et la Géorgie, sont également en train de progresser vers une adhésion potentielle.
Adhésion à la CEDEAO et à l'ASEAN
Le Maroc, après avoir réintégré l'Union Africaine en 2017, a formulé une demande d'adhésion à la CEDEAO. La Mauritanie, qui a quitté la CEDEAO en 2000, a signé un accord d'association en 2017, devenant ainsi membre associé. Le Timor-Leste a exprimé son désir de rejoindre l'ASEAN pour renforcer ses liens économiques et politiques avec la région.
Une Nouvelle Direction pour le Sahel
La formation de la confédération entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger représente un tournant majeur dans les dynamiques régionales en Afrique de l'Ouest. En s'éloignant de la Cedeao et en cherchant à renforcer leur souveraineté, ces pays suivent une voie qui contraste fortement avec celle de nombreuses autres nations qui cherchent à rejoindre des communautés régionales ou internationales pour des avantages économiques et politiques. Ces exemples montrent la diversité des approches face aux défis de la souveraineté et de l'intégration dans le monde contemporain.