« Chers clients, votre commande est prête, veuillez récupérer vos plats sur le plateau ! » Ce message, inhabituel pour un restaurant, est diffusé par un robot, une solution innovante adoptée par un restaurateur du Lot pour faire face aux difficultés de recrutement persistantes.
Geoffrey Ruamps, âgé de 33 ans, dirige le restaurant Cap 180 à Cieurac, près de Cahors. Son établissement, qui fonctionne principalement à l'heure du déjeuner en semaine, sert majoritairement les employés des entreprises environnantes. Malgré cela, Geoffrey éprouve des difficultés à trouver de l'aide pour servir ses 60 à 70 couverts tout au long de l'année.
« Depuis la pandémie de Covid-19, la situation est devenue extrêmement compliquée, » explique-t-il. Les rares candidats, souvent dépourvus d'expérience, finissent par abandonner rapidement. La restauration est un secteur « exigeant » qui « ne suscite plus autant de passion, » précise-t-il.
Une étude récente du ministère du Travail révèle que 75% des entreprises du secteur de l'hôtellerie-restauration rencontrent des difficultés de recrutement.
Confronté à une pénurie de personnel, Geoffrey Ruamps a décidé de débourser 20 000 euros pour un BellaBot, un robot-serveur de 1,30 mètre de haut, équipé de quatre plateaux superposés. Après avoir cartographié la disposition des tables, le robot transporte les plats de la cuisine aux clients, qui les récupèrent eux-mêmes.
« Ce robot permet de gagner un temps considérable, » souligne Geoffrey Ruamps. « Mais il ne prend pas les commandes, ne gère pas le bar ni les cafés... Il s'agit d'une technologie purement robotique, donc avec des capacités très limitées. »
Les Défis Pratiques
En pratique, l'utilisation du robot n'est pas sans défis. Par exemple, lorsque deux grandes tables sont réservées, Bella, perturbée par la nouvelle disposition, s'arrête à quelques mètres des clients. Geoffrey doit alors intervenir pour compléter le service.
Il aide également d'autres clients, bien que le robot parvienne à les atteindre. À la fin du service, Geoffrey explique que certains clients sont « un peu réticents » à se servir eux-mêmes.
La majorité des clients, principalement des habitués, comprennent « parfaitement » cette initiative. Après la surprise initiale, certains trouvent même amusant que Bella miaule lorsqu'on lui caresse les oreilles. D'autres, comme Laurence Valentin, 58 ans, estiment que « si on payait mieux les employés, on n'aurait pas ce problème de main-d'œuvre ! »
Cependant, Geoffrey Ruamps assure avoir offert 1 200 euros nets pour 25 heures par semaine, soit près de 2 000 euros pour un temps plein. « À la fin, le salaire n'était même plus un sujet. Si quelqu'un demandait 100 ou 150 euros de plus, on s'alignait sans hésiter, » confie-t-il.
L'Apport Inestimable de l'Humain
Face à la crise du recrutement, Quentin Pivaudran, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie du Lot (UMIH 46), comprend le recours aux robots-serveurs. « C'est une situation triste, mais ça a le mérite de fonctionner, » admet-il.
Néanmoins, il estime que cette pratique ne se généralisera pas. « Il existe des types de restaurants où cela ne fonctionnera jamais, » conclut-il.
L'adoption de robots dans la restauration met en lumière les défis actuels de recrutement dans ce secteur. Bien que les robots puissent fournir une solution temporaire et efficace, ils ne peuvent pas remplacer totalement la valeur ajoutée des serveurs humains, qui offrent une interaction personnelle et un service de qualité que la technologie, malgré ses progrès, ne peut pas égaler.
